Près de 19 000 navires sont passés par le canal de Suez en 2020 et, selon les experts, il représente 10 % du commerce maritime international. Cela signifie qu’une fermeture de ce colosse de 152 ans – même pour quelques heures – peut avoir des conséquences majeures. C’est ce qui s’est passé le mercredi 24 mars, lorsqu’un porte-conteneurs de plus de 219 000 tonnes s’est échoué dans le canal entre les deux rives.
Le déblocage a été lancé immédiatement et était toujours en cours dans la matinée. En conséquence, la section historique a été entièrement rouverte dans les deux sens au milieu de la matinée. Des dizaines de navires attendaient de passer depuis l’incident. Trente d’entre eux ont été retenus à l’entrée nord du canal et trois autres à l’entrée sud, ont indiqué des sources maritimes.
The Suez Canal, one of the most important shipping lanes in the world, is reportedly blocked because someone accidentally got stuck with their giant container ship. The photo is unreal. pic.twitter.com/I2ACkBqPi2
— Marcel Dirsus (@marceldirsus) March 23, 2021
L’amiral Ossama Rabie, président de l’Autorité égyptienne du canal de Suez (SCA), a déclaré dans un communiqué que “les unités de sauvetage et les remorqueurs de l’autorité poursuivent leurs efforts” pour débloquer l’Ever Given. Le cargo de près de 219 000 tonnes et de 400 mètres de long, qui bat pavillon panaméen, faisait route entre l’Asie et Rotterdam lorsqu’il a été emporté par un coup de vent à l’entrée sud du canal de Suez, rapporte le site web Vesselfinder.
Selon le SCA, l’incident était en fait dû à un vent de sable, un phénomène courant en Égypte à cette période de l’année, qui aurait causé un problème de visibilité. L’échouement “est principalement dû au manque de visibilité causé par les conditions météorologiques, alors que les vents ont atteint 40 nœuds (74 km/h), ce qui a affecté le contrôle du navire échoué”, a déclaré le SCA.
Environ 10 % du commerce maritime international
Le canal est une source importante de revenus pour l’Égypte, qui a gagné 5,61 milliards de dollars (4,74 milliards d’euros) en 2020. Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi avait annoncé en 2015 un projet d’agrandissement du canal pour réduire les temps d’attente et doubler le nombre de navires l’utilisant d’ici 2023. Déjà, le nouveau tronçon, creusé en 2014 et 2015, a facilité le passage des convois et réduit le temps de transit des navires. Les autorités annoncent régulièrement de nouveaux records de tonnage. En août 2019, 6,1 millions de tonnes y ont transité en une journée.
Conçu à l’initiative de l’entrepreneur et diplomate français Ferdinand de Lesseps, le projet colossal de relier la mer Rouge et la Méditerranée a duré dix ans (1859-1869). Le canal de Suez, long de 164 kilomètres, n’est “pas l’apanage d’une nation : (…) il appartient à une aspiration de l’humanité”, déclarait Ferdinand de Lesseps en 1864, quelque quatre mille ans après les premiers projets de canaux des pharaons.
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En tant que lien maritime entre l’Europe et l’Asie, cette route permettait de ne plus avoir à contourner un autre continent, l’Afrique, par le redoutable cap de Bonne-Espérance. Mais elle a également connu plusieurs guerres et des années d’inactivité. Cette histoire est particulièrement marquée par l’année clé de 1956 : le 26 juillet, Gamal Abdel Nasser, tout juste élu président, nationalise le canal de Suez.